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Publié le par bidon quatremille

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La Troisième République a laissé dans l’histoire et dans la mémoire des Français des souvenirs contrastés. Née de la chute de Second Empire, elle est le régime qui, dans la France contemporaine a eu la plus grande longévité – 65 ans – de 1875 à 1940. Cependant, on inclut généralement sous cette appellation les 5 années d’hésitation précédant ce régime. Elle suscite, par l’ampleur de ses réalisations, par l’importance des réformes qu’elle a mises en chantier, par la stature des hommes qui l’ont incarnée, respect et admiration.
En revanche, ses débuts chaotiques (la Commune) et sa fin lamentable (la défaite de 1940) engendrent un sentiment de malaise, sinon de rejet. A tous ces facteurs, s’ajoutent les querelles qui ont déchiré les Français tout au long de son histoire, l’instabilité chronique dont elle pâtit dès son avènement, les scandales politico-financiers qui ont fini par la discréditer et l’incapacité dont elle a fait preuve face aux dangers extérieurs.

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ABBEVILLE (Conférence d’) :
Conférence tenue le 6 mai 1918 entre les représentants des Alliés pendant la Première Guerre mondiale, à l’éffet de compléter les « pouvoirs de coordination » déjà attribués au général Foch dans la conférence de Doullens. Les attributions du général en chef sont étendues à tout le front occidental, secteur belge et italien compris. Foch y invite tous les grands chefs militaires de l’Entente à s’efforcer à reprendre l’initaitives des opérations.

ABBEVILLE (Fusillés d’) :
Le 20 mai 1940, dans Abbeville bombardé, 21 détenus belges et rançais que l’on transférait d la prison de Loos vers un établissement pénitentiaire du midi, et qui étaient provisoirement enfermés sous le kiosque à musique d’Abbeville, furent passés par les armes, sans jugement, par le peloton qui les gardair. Parmi eux se trouvait Jean Rijkoort, un nationaliste belge, et son ami Joris van Severen, considéré aujourd’hui comme « l’inventeur » (avant la lettre) du Bénélux, qui avaient été arrêtés en Belgique quelques jours plus tôt et que l’on avait transférés en France. Les cadavres des 21 « fusillés d’Abbeville » furent enterrés dans le coin des pauvres au cimetière de la ville.

ABSTRACTION-CRÉATION :

ACADÉMIE DES GONCOURT :
Les frères Goncourt avaient voulu reconstituer l'ambiance des salons littéraires du XVIIIe siècle, et celle des nombreux déjeuners ou dîners d'écrivains du XIXe (les «dîners Magny»). La mort prématurée de Jules en 1870, fera d'Edmond l'animateur du «Grenier» et le créateur de la «société littéraire», devenue Académie par opposition à l'Académie française qui refusa «l'immortalité» à de grands esprits tels que Balzac, Flaubert, Zola, Maupassant, Baudelaire, entre autres. Quarante-huit heures après la mort d'Edmond de Goncourt, en 1896, à l'âge de soixante-quatorze ans, son notaire Me Duplan lisait à Alphonse Daudet et Léon Hennique, ses légataires universels, le testament qu'il avait laissé:
«Je nomme pour exécuteur testamentaire mon ami Alphonse Daudet, à la charge pour lui de constituer dans l'année de mon décès, à perpétuité, une société littéraire dont la fondation a été, tout le temps de notre vie d'hommes de lettres, la pensée de mon frère et la mienne, et qui a pour objet la création d'un prix de 5000 F destiné à un ouvrage d'imagination en prose paru dans l'année, d'une rente annuelle de 6000 francs au profit de chacun des membres de la société.» Il est précisé que les dix membres désignés se réuniront pendant les mois de novembre, de décembre, janvier, février, mars, avril, mai et que le prix sera décerné «dans le dîner de décembre.» Ce rythme et ces dates furent adaptés par la suite aux nécessités de la vie du livre.Société littéraire instituée par Edmond de Goncourt en 1896 et reconnue d’utilité publique en 1903. Elle est composée de dix membres, tous hommes de lettres ; ceux-ci touchent une rente annuelle de 6.000 francs et sont chargés d décerner chaque année un prix de 5.000 francs « au meilleur volume d’imagination en prose », de préférence un roman (prix Goncourt). Les premiers membres de l’aAcadémie des Goncourt, en 1903, sont Léon Daudet (succ édant à a son père décédé), Huysmans, O. Mirbeau, les deux Rosny, L. Hennique, Paul Margueritte, G. Geffroy, E. Bourges, L. Descaves.
-1903 : John-Antoine Nau, Force ennemie, La Plume ;
-1904 : Léon Frapié, La maternelle, Albin Michel ;
-1905 : Claude Farrère, Les civilisés, Flammarion ;
-1906 : Jérôme et Jean Tharaud Dingley, l'illustre écrivain, Plon ;
-1907 : Emile Moselly, Terres lorraines, Plon ;
-1908 : Francis de Miomandre, Ecrit sur l'eau, Emile-Paul ;
-1909 : Marius-Ary Leblond, En France, Fasquelle ;
-1910 : Louis Pergaud, De Goupil à Margot, Mercure de France ;
-1911 : Alphonse de Chateaubriant, Monsieur de Lourdines, Grasset ;
-1912 : André Savignon, Filles de Pluie, Grasset ;
-1913 : Marc Elder, Le peuple de la mer, Calmann-Lévy ;
-1914 : prix non décerné à cause de la guerre ;
-1915 : René Benjamin Gaspard Fayard ;
-1916 : Adrien Bertrand, L'appel du sol (prix 1914), Calmann-Lévy ;
-1916 : Henri Barbusse, Le feu, Flammarion ;
-1917 : Henri Malherbe, La flamme au poing, Albin Michel ;
-1918 : Georges Duhamel, Civilisation, Mercure de France ;
-1919 : Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Gallimard ;
-1920 : Ernest Pérochon, Nêne, Clouzot (puis Plon) ;
-1921 : René Maran, Batouala, Albin Michel ;
-1922 : Henri Béraud, Le vitriol de lune et Le Martyre de l'obèse, Albin Michel ;
-1923 : Lucien Fabre, Rabevel ou le mal des ardents, Gallimard ;
-1924 : Thierry Sandre, Le chèvrefeuille, Gallimard ;
-1925 : Maurice Genevoix, Raboliot, Grasset ;
-1926 : Henry Deberly, Le supplice de Phèdre, Gallimard ;
-1927 : Maurice Bedel, Jérôme, 60° latitude nord, Gallimard ;
-1928 : Maurice Constantin-Weyer, Un homme se penche sur son passé, Rieder ;
-1929 : Marcel Arland, L'ordre, Gallimard ;
-1930 : Henri Fauconnier, Malaisie, Stock ;
-1931 : Jean Fayard, Mal d'amour, Fayard ;
-1932 : Guy Mazeline, Les loups, Gallimard ;
-1933 : André Malraux, La condition humaine, Gallimard ;
-1934 : Roger Vercel, Capitaine Conan, Albin Michel ;
-1935 : Joseph Peyré, Sang et Lumière, Grasset ;
-1936 : Maxence Van der Meersch, L'empreinte de Dieu, Albin Michel ;
-1937 : Charles Plisnier, Faux-passeports, CorrÍa ;
-1938 : Henri Troyat, L'araigne, Plon ;
-1939 : Philippe Hériat, Les enfants gâtés, Gallimard ;
-1940 : Francis Ambrière, Les grandes vacances, Nouvelle France.

ACADÉMIE DES SCIENCES COLO-NIALES :
Fondée en 1922 pour susciter, encourager, développer et coordonner les études intéressant les colonies et servir de centre de travail à la vie intellectuelle des colonies et pays de protectorat ou d’influence. Elle compte des membres actifs (au nombre de 100), associés et correspondants, et publie des Comptes-rendus de ses séances et des annales.

ACADÉMIE DES SPORTS :
Fondée à Paris en 1910, l’Académie des sports a pour but d’encourager et de développer le sport sous toutes ses formes ; de distribuer des récompenses (diplômes, médailles, prix en espèces), de patronner les grandes manifestations sportives ; d’organiser des conférences et expositions artistiques se rapportant au sport ; d’établir un dictionnaire des sports, d’aider à la diffusion des sports nouveaux ; de revevoirs les sportsmen étrangers ; etc. Elle est divisée en trois sections : sport athlétiques, sports mécaniques, sports hippiques et cynégétiques.

ACADÉMIE FRANÇAISE :
Création d’Ancien régime (1635), vouée par Louis XIII et Richelieu à la défense de la langue, l’Académie française est la première des cinq académies formant l’Institut de France (1795). Placée sous le protectorat du chef de l’Etat, devenue un établissement public, elle s’est affirme comme un institution singulière dont la vocation initiale de gardienne de la langue se double d’un rôle de diffusion de la culture française à l’étranger mais compte moins que la fonction de consécration qui fait tout le prix d’une élection sous la Coupole.
Dès l’origine, l’Académie ne fut pas une assemblée purement littéraire mais s’ouvrit à des personnalités mondaines ou politiques. Au XIXe siècle, on peut se la représenter comme un salon prestigieux, au sein duquel les grands débats du temps définissent des « partis » et des coteries dont les frontières restent mouvantes.
L’affaire Dreyfus donne aux élections une signification plus politique. Si les vingt-quatre échecs de Zola ont eu pour origine l’hostilité des académies envers le roman naturaliste, c’est à l’intellectuel dreyfusard que « j’accuse… ! » (1898) fermera définitivement les portes du quai Conti. En dépit de la présence d’Anatole France et de Marcellin Berthelot, tous deux membres de la Ligue des droits de l’homme, l’Académie fait, en effet, figure de bastion de l’antidreyfusisme : présidée par deux académiciens, François Coppée et Jules Lemaître, la Ligue de la patrie française ne rallie pas moins de vingt-six immortels dont Brunetière, Paul Bourget*, Albert de Mun.
Barrès, l’un des premiers a s’être mobilisé contre Dreyfus, est élu en 1906, année même de la Réhabilitation du capitaine.
La Première Guerre mondiale atténue les oppositions, instaurant un climat d’union sacrée. Depuis 1913, l’académie compte dans ses rangs le président de la République Raymond Poincaré, entré sous la coupole en 1909. Elle organise le secours des veuves de guerre, met à la disposition de la Croix rouge plusieurs de ses domaines, vote de nombreuses mentions de soutien au gouvernement. La triple élection de Foch, Joffre et Clemenceau en 1918 prolonge symboliquement le patriotisme affirmé par les académiciens tout au long du conflit.
Dans l’entre-deux-guerres, si les enjeux « littéraires » demeurent, comme en témoigne l’élection difficile de Paul Valéry en 1925 ou le scandale provoqué par l’échec de Claudel, contre Paul Farrère, en 1935, c’est autour des cercles politiques que se structure la sociabilité académique. Dirigée par René Doumic, successeur de Brunetière, la très conservatrice Revue des deux mondes est réputée faire les élections. Dans la mouvance de l’Action française, de nombreux académiciens se retrouvent au cercle Fustel de Coulanges, crée en 1927 et dominé par les maurrassiens.
Certes, l’échec de Maurras en 1923 semble marquer les réticences de l’Académie vis-à-vis d’une candidature jugée trop « politique ». En 1938, sa deuxième tentative lui assure cependant, dès le premier tour, une victoire très nette. Entre ces deux dates sont entrés sous la Coupole seize des vingt académiciens ayant voté pour lui. Les maréchaux Pétain* et Franchet d’Espérey, le général Weygand sont du nombre, ainsi que Louis Bertrand*, André Chaumeix, André Bellessort, Jacques Bainville, Claude Farrère, Pierre Benoît. Dominée par les « intellectuels de droite » dès les années 1920, l’Académie s’est nettement ouverte à la droite nationaliste dans les années 1930.
S’il est difficile de parler « d’engagement » pour les prises de position d’une assemblée ayant constamment affirmé l’indépendance de ses membres, il reste que l’Académie française a été clairement représentée lors de la signature des pétitions et manifestes jalonnant cette période.
En 1925, en réponse à la mobilisation des « travailleurs intellectuels aux cotés du prolétariat contre la guerre du Maroc » (texte rédigé par Henri Barbusse et publié dans L’Humanité le 2 juillet), la contre-pétition publiée cinq jours plus tard par Le Figaro sous le titre « les intellectuels aux cotés de la patrie » apporte à Lyautey* (académicien depuis 1912) le soutien de nombreux immortels.
En octobre 1935, le « manifeste pour la défense de l’occident », rédigé par Henri Massis, est signé par seize académiciens, la plupart de ceux qui éliront Maurras en 1938. Hostile a des sanctions contre l’Italie au moment de la guerre d’Ethiopie, ce texte traduit un durcissement des prises de position d’une partie de la droite intellectuelle mais ne fait pas l’unanimité sous la Coupole où apparaissent des clivages.
Signataires de la pétition de 1925, Paul Valéry et François Mauriac ne cautionnent pas le texte de 1935. Vingt ans plus tard, Mauriac estimera même que « l’Académie française, qui fait sourire et qui relève, croient les gens légers, de la caricature, a été vraie entre 1918 et 1940, un des lieux où s’est préparé notre destin ».

Liste des académiciens pendant la IIIe République :
-Siège 1 :1890 : Charles de Freycinet 1924 : Émile Picard
-Siège 2 :1874 : Alexandre Dumas fils 1896 : André Theuriet 1908 : Jean Richepin 1927 : Émile Mâle
-Siège 3 :1881 : Victor Cherbuliez 1900 : Émile Faguet 1918 : Georges Clemenceau 1930 : André Chaumeix
-Siège 4 :1882 : Charles de Mazade 1894 : José-Maria de Heredia 1906 : Maurice Barrès 1925 : Louis Bertrand -Siège 5 :1880 : Edmond Rousse 1907 : Pierre de Ségur 1920 : Robert de Flers 1927 : Louis Madelin
-Siège 6 :1873 : Charles de Viel-Castel 1888 : Edmond Jurien de La Gravière 1892 : Ernest Lavisse 1923 : Georges de Porto-Riche 1931 : Pierre Benoit
-Siège 7 :1870 : Émile Ollivier 1914 : Henri Bergson
-Siège 8 :1875 : Jules Simon 1897 : Albert de Mun 1918 : Alfred Baudrillart -Siège 9 :1877 : Victorien Sardou 1909 : Marcel Prévost
-Siège 10 :1884 : François Coppée 1909 : Jean Aicard 1924 : Camille Jullian 1934 : Léon Bérard-Siège 11 :1884 : Edmond About 1886 : Léon Say 1896 : Albert Vandal 1911 : Denys Cochin 1922 : Georges Goyau 1940 : Paul Hazard-Siège 12 :1876 : Charles Blanc 1882 : Édouard Pailleron 1900 : Paul Hervieu 1918 : François de Curel 1930 : Charles Le Goffic 1932 : Abel Bonnard (radié en 1945)
-Siège 13 :1891 : Pierre Loti 1924 : Albert Besnard 1935 : Louis Gillet-Siège 14 :1886 : Charles Leconte de Lisle 1894 : Henry Houssaye 1912 : Louis Hubert Gonzalve Lyautey 1934 : Louis Franchet d'Esperey-Siège 15 :1880 : Eugène Labiche 1888 : Henri Meilhac 1898 : Henri Lavedan
-Siège 16 :1878 : Edme-Armand-Gaston d'Audiffret-Pasquier 1906 : Alexandre Ribot 1923 : Henri Robert 1938 : Charles Maurras(radié en 1945,non remplacé de son vivant)
-Siège 17 :1871 : Émile Littré 1881 : Louis Pasteur 1896 : Gaston Paris 1903 : Frédéric Masson 1924 : Georges Lecomte
-Siège 18 :1901 : Melchior de Vogüé 1918 : Ferdinand Foch 1929 : Philippe Pétain (radié en 1945, non remplacé de son vivant)
-Siège 19 :1886 : Édouard Hervé 1899 : Paul Deschanel 1923 : Auguste Jonnart 1928 : Maurice Paléologue
-Siège 20 :1884 : Victor Duruy 1895 : Jules Lemaître 1919 : Henry Bordeaux
-Siège 21 :1871 : Henri d'Orléans, duc d'Aumale 1898 : Eugène Guillaume 1905 : Étienne Lamy 1920 : André Chevrillon
-Siège 22 :1884 : Ludovic Halévy 1909 : Eugène Brieux 1933 : François Mauriac
-Siège 23 :1874 : Alfred Mézières 1918 : René Boylesve 1927 : Abel Hermant (radié en 1945)
-Siège 24 :1870 : Prosper Duvergier de Hauranne 1881 : Armand Prudhomme, dit Sully-Prudhomme 1908 : Henri Poincaré 1914 : Alfred Capus 1923 : Édouard Estaunié-Siège 25 :1871 : Louis de Loménie 1878 : Hippolyte Taine 1894 : Albert Sorel 1907 : Maurice Donnay-Siège 26 :1876 : Gaston Boissier 1909 : René Doumic 1938 : André Maurois -Siège 27 :1874 : Elme-Marie Caro 1888 : Paul-Gabriel d'Haussonville 1925 : Auguste-Armand de la Force
-Siège 28 :1870 : Jules Janin 1875 : John Lemoinne 1893 : Ferdinand Brunetière 1907 : Henri Barboux 1911 : Henry Roujon 1918 : Louis Barthou 1935 : Claude Farrère-Siège 29 :1878 : Ernest Renan 1893 : Paul-Armand Challemel-Lacour 1897 : Gabriel Hanotaux-Siège 30 :1903 : René Bazin 1932 : Théodore Gosselin, dit G. Lenotre 1935 : Georges Duhamel-Siège 31 :1870 : Xavier Marmier 1893 : Henri de Bornier 1901 : Edmond Rostand 1920 : Joseph Bédier 1938 : Jérôme Tharaud
-Siège 32 :1896 : Charles Costa de Beauregard 1911 : Hippolyte Langlois 1912 : Émile Boutroux 1922 : Pierre de Nolhac 1936 : Georges Grente
-Siège 33 :1873 : René Taillandier, dit Saint-René Taillandier 1880 : Maxime du Camp 1894 : Paul Bourget 1936 : Edmond Jaloux
-Siège 34 :1886 : Octave Gréard 1904 : Émile Gebhart 1909 : Raymond Poincaré 1935 : Jacques Bainville 1936 : Joseph de Pesquidoux
-Siège 35 :1888 : Jules Claretie 1918 : Joseph Joffre 1931 : Maxime Weygand
-Siège 36 :1882 : Adolphe Perraud 1906 : François-Désiré Mathieu 1910 : Louis Duchesne 1923 : Henri Bremond 1935 : André Bellessort
-Siège 37 :1871 : Camille Rousset 1893 : Paul Thureau-Dangin 1914 : Pierre de La Gorce 1934 : Maurice de Broglie
-Siège 38 :1878 : Henri Martin 1884 : Ferdinand de Lesseps 1896 : Anatole France 1925 : Paul Valéry
-Siège 39 :1888 : Eugène-Melchior de Vogüé 1911 : Henri de Régnier 1936 : Jacques de Lacretelle
-Siège 40 :1875 : Jean-Baptiste Dumas 1884 : Joseph Bertrand 1900 : Marcellin Berthelot 1908 : Francis Charmes 1918 : Jules Cambon 1936 : Lucien Lacaze
ACADÉMIE DE MÉDECINE :

ACTION FRANCAISE :
C’est en 1898, dans le cadre de la prolifération de groupements nationalistes nés de l’Affaire Dreyfus, que le journaliste Henri Vaugeois et l’écrivain Maurice Pujo fondent l’Action française. Le but étant de rassembler dans ce comité le nationalisme des intellectuels opposés au régime parlementaire. Au départ, ce mouvement n’est nullement hostile à la République, Vaugeois se réclamant du jacobinisme et Pujo professant une doctrine floue et anarchiste. En janvier 1899, Charles Maurras les rejoint et va entraîner le mouvement vers le « nationalisme intégral », c'est-à-dire la monarchie traditionnelle et héréditaire instituant en France un régime autoritaire et décentralisé balayant le parlementarisme. Telles sont les idées qu’il expose dans un article intitulé « enquête sur la monarchie », paru en 1900. Maurras devient rapidement le principal doctrinaire du mouvement et son animateur. Ses idées s’expriment à travers la revue L’Action française, fondée en juillet 1899 et qui paraît deux fois par mois jusqu’en 1908, date à laquelle elle devient un quotidien dirigé par Maurras, Léon Daudet et l’historien Jacques Bainville. Journal délibérément violent et insolent, n’hésitant pas à lancer des campagnes calomnieuses contre l’Université et les Juifs, ne faisant aucun mystère de sa volonté d’abattre le régime républicain, il bénéficie d’un véritable prestige intellectuel, dû aux qualités littéraires de ses principes rédacteurs. L’influence de l’Action française est à cet égard importante et elle dépasse le cercle des groupuscules qui se rattachent autour d’elle, le Ligue d’Action française, fondée en 1905, le groupe d’action des Camelots du Roi, fondé en 1908. En fait, à une jeunesse privée de perspectives par la monotonie de la République

ACTION LIBÉRALE POPULAIRE :

ACTION LIBÉRALE (Groupe d’) :
Ce groupe parlementaire fut crée à la Chambre des députés en mai 1899. Ce fut le noyau de l’Action libérale populaire fondée trois ans plus tard.

ACTION MODERNE (L’) :
Journal fondé en 1901 et qui est, avant la Première Guerre mondiale l’organe hebdomadaire du Comité républicain du Commerce, de l’Industrie et de l’Agriculture alors puissant « lobby » passant pour intimement lié à la Franc-maçonnerie. Son fondateur, Alfred Mascuraud, sénateur de la Seine, était, en effet, un maçon actif et les dirigeants du « Comité Mascuraud » comme on disait alors, étaient pour la plupart membres de la Franc-maçonnerie. Le rôle du Comité était grand alors : il influait sur le choix des candidats aux élections et subventionnait la propagande électorale de ceux qui avaient reçu son patronage, d’ailleurs discret.
A la veille de la Première Guerre mondiale, Paul Jourdain, sénateur, ancien ministre, également maçon, préside le Comité. Le journal L’Action moderne, qui a disparut au moment de la guerre, avait pour rédacteur Maurice Laban qui collabore ensuite à L’Oeuvre de Marcel Déat.

ADAM (née Juliette Lamber), 1836-1936 :
Femme de lettres. Née à Verberie (Oise), le 4 octobre 1836, Juliette Adam fut l’auteur de romans dont les principaux furent : Jean et Pascal, Laide (1876), Grecque (1877), Païenne (1883). Elle épousa l’avocat Le Messine, puis Edmond Adam (1817-1877), rédacteur au National, puis secrétaire général du Comptoir d’escompte, préfet de police, député, sénateur, qui favorisa l’évasion d’Henri Rochefort de Nouvelle-Calédonie.
Figure centrale du parti républicain, de sensibilité nationale, Juliette Adam fit de son salon littéraire et politique (1877) l’un des points de ralliement de la Revanche. Elle publia, de 1873 à 1909, de nombreux ouvrages de souvenirs consacrés au siège de Paris. Chez elle fréquentèrent les hommes en vue du régime, de Gambetta à Joseph Reinach en passant par Grévy, le général de Galliffet, Jules ferry, Adolphe Brisson.
En 1879, elle fonda la Nouvelle Revue, entretenant la flamme autour des provinces perdues d’Alsace et de Lorraine, et Léon Daudet rendra cet hommage à sa « chère patronne » : « elle a publié mes premiers essais. Elle m’a guidé maternellement à travers les pièges de la littérature et du journalisme qui guettaient les débutants. Enfin, elle m’a mis au cœur une haine lucide de la Bête allemande, qui ne s’éteindra qu’avec moi. […] Elle est celle qui n’a jamais renoncé, celle qui ne s’est jamais reposée dans le combat sourd, tenace, quotidien contre le Germain, qui fut la trame de son existence. » En 1919, Juliette Adam connaît la joie d’assister à la signature du traité de Versailles, où Clemenceau l’a conviée. Celle qui a publié Païenne et posé cette question : « L’âme de la France est-elle donc catholique et ne peut-on être en contact absolu avec elle que par le catholicisme et sa pure tradition ? » écrit alors Chrétienne (1913), professe désormais la foi catholique et, devenue monarchiste, devient la propagandiste enthousiaste et généreuse de l’Action française. Elle décéda à Callian (Var), le 23 août 1936.

ADER (Clément), 1841-1925 :
Clément Ader est né à Muret (Haute Garonne), le 2 avril 1841 de François Ader et de sa deuxième femme, Antoinette Forthané. Les Ader sont tournés vers la menuiserie depuis plusieurs générations. Son grand-père maternel qui servit dans les armées de Napoléon Ier, vivait avec sa femme dans un moulin, dont le mécanisme enchanta longtemps son petit-fils. Il venait souvent le regarder, tout en écoutant les récits de campagne de son aïeul. Ce sont sûrement ces histoires qui insufflèrent au jeune enfant le patriotisme qui ne le quitta jamais durant toute sa vie.
Ader père espérait beaucoup que Clément lui succédât à la tête de la menuiserie familiale. Mais il souhaitait avant tout le bonheur de son fils unique. Aussi, lorsque l'instituteur de Muret vint lui conseiller d'envoyer Clément à Toulouse pour suivre des études secondaires, il se résigna. Il optint son baccalauréat à 15 ans. Il était considéré par ses professeurs comme « un élève très sérieux, particulièrement doué en mathématiques et en dessin ».
En 1857, s'ouvre une nouvelle section dans l'établissement : une école industrielle amenant un diplôme d'ingénieur équivalent aux Arts et Métiers. Ader fait partie de la première promotion, d'où il sortira diplômé en 1861. On pense qu'il commença les concours d'entrée aux Grandes Écoles, mais soit ne les passa pas par goût, soit échoua, ce dont on peut douter. Ses études terminées, il se mit en quête d'une situation stable.Il commence par travailler à la Compagnie de Chemin de Fer du Midi, où il imagine une machine à poser les rails, qui fut utilisée pendant des dizaines d'années. Puis il se lance dans la fabrication de vélocipèdes. Son idée de coller une bande de caoutchouc sur les roues et d'utiliser un cadre creux lui donne un grand succès tant sportif que commercial. Malheureusement, la guerre de 1870 le ruine. Il monte à Paris pour essayer d'y faire fortune et offrir ses services à la France.Clément Ader, inventeur fécond (les chenilles de chars, la transmission stéréophonique ou « théatrophone », le câble sous-marin, l'aéroglisseur, le moteur V8) et père de l'aviation moderne, a consacré une grande partie de sa vie à la réalisation d'un rêve d'enfant : le vol d'un plus lourd que l'air.Ses études sur le vol des oiseaux l'ont conduit à construire tout d'abord un planeur en plumes d'oie, dont on peut voir des éléments dans certaines photographies de son ami Nadar. On ignore si Ader a vraiment volé avec ce planeur mais des études menées au musée de l'air du Bourget tendrait à penser que cette machine était déjà capable de s'élever dans les airs.Par la suite, ayant convaincu le ministre de la Guerre de financer ses travaux grâce à des fonds secrets, Ader met au point des prototypes dont les formes étaient inspirées d'upratique qu'un choix final : Ader estimait qu'il était plus facile de régler une aile de chauve souris qu'une aile d'oiseau, mais qu'une fois le vol maîtrisé, une aile rigide inspiré de celle des oiseaux serait plus efficace et plus solide.Il réalisa 3 appareils : l'Éole (l'Avion), le Zéphyr (Avion II) et l'Aquilon (Avion III) entre 1890 et 1897.Son premier vol sur 50 mètres à 20 cm du sol aurait eu lieu le 9 octobre 1890 dans le parc du château de Gretz-Armainvilliers, aux commandes de l'Éole. Contacté par l'armée intéressée par le projet, Ader effectue un deuxième vol à bord de l'Éole au camp de Satory en septembre 1891, l'appareil impressionne positivement les militaires qui commandent à Ader un second appareil. Ader commence alors la construction d'un second appareil, évolution du premier mais présentant des similitudes avec l'Éole : l'appareil est monomoteur, son moteur est un bicylindre à vapeur ultra-léger de 20 ch et 35 kg.L'avion II (Zéphyr) n'est pas achevé, mais sert de base à l'avion III (Aquilon) qui est un bimoteur permettant d'éliminer les problèmes d'instabilité de l'Éole du aux effets de couple de la simple hélice. L'avion III effectue un vol de 300 mètres devant un comité militaire le 14 octobre 1897 à Satory, ce vol s'étant déroulé dans des conditions météorologiques très mauvaises, l'Avion III est endommagé lors de son atterrissage. Le ministère de la guerre ne désirant plus financer Ader, celui-ci est contraint d'arrêter la construction de ses prototypes (l'Éole avait coûté 200 000 FR de l'époque soit près de 8 millions de nos euros). Il tente alors de donner son fabuleux moteur à vapeur au Capitaine Renard, qui travaille sur la navigation des dirigeables, puis se lance dans la fabrication des moteurs à explosion. L'équilibrage de ces V8 montre toujours le souci d'une utilisation aéronautique. Contraint au secret militaire (les archives de Satory n'ont été rendues accessibles que dans les années 90), il ne parle de ses vols qu'en 1906 après celui de Santos-Dumont à Bagatelle, c'est à cause de ce silence qu'est née la controverse entretenue par les partisans des frères Wright. En France, à l'époque, personne n'a entendu parlé des frères Wright. Santos Dumont prétend donc être le père de l'aviation. Un débat national, jamais vraiment tranché, s'engage. Ader prend sa retraite. Il finit sa vie près de Toulouse, dans ses vignes. De temps à autres, Panhard et Levassor lui demandent de tester leurs derniers modèles. Son cerveau bouillonne toujours d'idées (on a retrouvé des croquis de turbines et de réacteurs dans ses carnets de notes), mais il ne construit plus rien. Il meurt à 84 ans le 3 mai 1925 à Toulouse après une reconnaissance nationale tardive. Seul a survécu l'avion III qui est exposé à Paris au Musée des Arts et Métiers. On doit au grand photographe Nadar de belles photos des ateliers d'Ader où le connaisseur pourra voir, outre l'Eole, des éléments du planeur et du Zéphyr. Outre la paternité du premier vol, on doit à Ader l'invention du mot « avion » (Appareil Volant Imitant l'Oiseau Naturel) et deux ouvrages sur l'aviation : « la première étape de l'aviation militaire française » et « L'aviation militaire », sans compter les nombreuses inventions hors du champ de l'aéronautique.

AGADIR (l’incident d’) :
La conférence d’Algésiras, tenue de janvier à avril 1906, à la suite de la crise de Tanger, fut un compromis entre les grandes puissances sur la question du Maroc. Elle confirma la prépondérance de la France en donnant à celle-ci mission de maintenir l’ordre sur les confins algériens et dans les ports de l’Atlantique. En même temps, elle limita la liberté d’action française, car rien ne fut prévu en cas de troubles à l’intérieur du pays. On ne pus pas donc dire qu’elle régla totalement la question du Maroc. Or, en 1908, les populations marocaines détrônèrent le sultan Abd-Al-Aziz, accusé de favoriser l’intrusion des Français, et le remplacèrent par son frère Moulay Hafid qui suivit la même politique que son frère. La pénétration française fit donc des progrès, au grand déplaisir de l’Allemagne qui tente d’abord de se servir comme monnaie d’échange des droits qu’elle prétend posséder au Maroc pour obtenir des avantages économiques. Le 9 février 1909, un accord franco-allemand est conclu : l’Allemagne reconnaît la prédominance de la France sur le Maroc, moyennant un partage des avantages économiques. Mais très vite, l’Allemagne, déçue des résultats de l’accord, cherche à rouvrir la question marocaine.
L’occasion se produit lorsque le sultan Moulay Hafid, assiégé dans Fès par des tribus berbères révoltées, fit appel à la France. Cette dernière intervient militairement pour dégager le sultan et protéger les nationaux. Cette action dépassant les droits accordés à la France à Algésiras, l’Allemagne accuse la France de violer l’accord, et le 1er juillet 1911, en réaction, une canonnière allemande fut envoyée dans le port d'Agadir, sous prétexte d’assurer la protection des colons allemands. Le but recherché étant de décrocher une compensation et d’intimider le gouvernement français pour le contraindre à négocier sous la menace de la guerre. Ainsi, l’Allemagne voulait obtenir de la France, la totalité de ses possessions au Congo qui, alliées à celle du Cameroun qu’elle possède déjà, lui procurerait un vaste domaine colonial en Afrique centrale, susceptible de s’accroître encore avec l’éventuelle « liquidation » du Congo belge (au cas où le roi Léopold, son propriétaire, y renoncerait), dont elle pourrait espérer avoir sa part en tant qu’état limitrophe. Les exigences de l’Allemagne paraissent, aux yeux de l’Europe entière complètement démesurées au point que le président du Conseil Joseph Caillaux ne pouvait les accepter. Les autorités britanniques font savoir à l’Empereur Guillaume II que les demandes allemandes sont trop excessives et qu’il appuiera la France, si nécessaires par les armes. La France jugeait qu’un conflit ne ferait que tourner à son désavantage étant donné l’état de désorganisation dans lequel se trouvait le haut-commandement, la faiblesse de l’artillerie lourde et le désenchantement de la Russie qui considère que, les intérêts vitaux en France n’étaient pas menacés, l’alliance franco-russe na saurait jouer. Convaincu avec raison qu'une guerre ruinerait l'Europe, Joseph Caillaux plaide dès lors en toutes circonstances pour la paix, ce qui lui vaut d'être honni par une grande partie de la classe politique. La crise trouva une solution à travers une série de longues négociations. Menées directement par Caillaux, négocie un compromis de la dernière chance : un accord est signé le 4 novembre 1911 qui prévoyait l'échange d'une partie du territoire du Congo français, entre le Cameroun et le Congo belge contre la fait que l’Allemagne ne devait pas gêner l’action française au Maroc. Mais pour que la France n’ait pas l’air de céder à un chantage, on donne à l’arrangement l’apparence d’un échange, les Allemands lui cédant un petit territoire situé au sud du lac Tchad. Le 30 mars 1912, qui n’a plus à redouter l’opposition de l’Allemagne, impose à Moulay Hafid la Convention de Fès qui rétablit un régime de protectorat sur le Maroc.
Les conséquences de la crise d’Agadir sont considérables. En France, cet accord mécontenta le monde politique et l’opinion qui reprochèrent d’avoir trop cédé à l’Allemagne et son gouvernement fut renversé fin 1911 remplacé par Raymond poincaré. Celui-ci se montra plus ferme vis-à-vis de l’Allemagne et resserra les liens avec le Royaume-Uni, choqué par la brutalité des méthodes diplomatiques de l’Allemagne. L’Entente cordiale en sort renforcée, de sorte que Guillaume II s’en inquiète et accélère la course aux armements, ce qui contribue à consolider encore plus l’entente franco-anglaise. On date de cet «incident d'Agadir» une importante étape dans la détérioration de la situation européenne et la prise de conscience par l'ensemble des Européens d'une menace de guerre généralisée.

ALLAIN (J.-C.) : Agadir, 1911, une crise impérialiste en Europe pour la conquête du Maroc, Paris, Publications de la Sorbonne, 1976.
GUILLEN (P.) : L’Allemagne et le Maroc de 1870 à 1905, Paris, PUF, 1967.
MILZA (P.) : Les relations internationales de 1871à 1914, Paris, A. Colin, 1968.

AGRICULTURE :

AIGLE (Charles, Joseph, Maris, Marquis de l’), 1875-1935 :
Homme politique. Fils du comte Robert de l’Aigle (1843-1931), député de l’Oise de 1885 à 1893. Maire de Rethondes, conseiller général de Ribécourt, il est élu deéputé de l’Oise (Compiègne), en 1932et s’inscrit au groupe du Centre républicain. Il meurt en cours de mandat. Le marquis de l’Aigle figure parmi les fondateurs de l’association de la Presse monarchique et catholique des départements.

AILLIÈRES (Fernand Caillard d’), 1849-1897 :
Homme politique. Ferdinand Caillard d’illières est député conservateur de la Sarthe de 1882 à sa mort. Collaborateur du Correspondant, il était l’un des membres de l’Association de la Presse monarchique et catholique. Il a laissé des études remarquées sur les Épurations administratives de 1877 à 1880 ». Son oncle, Thérèse-Françoic-Albert Caillard d’Aillières (1817-1906), lui succède mais ne présente Mamers que jusqu’en 1892. Par contre, son fils, Bernard Caillières d’Aillières est député conservateur et sympathisant PSF de la Sarthe, de 1936 à 1942.

ALAIN (Chartier Emile, Auguste, dit), 1868-1951 :
La position d'Alain dans la IIIe République est la réplique de celle de Paul-Louis Courier sous la Restauration. Auteur d'une Doctrine radicale (1924), et du Citoyen contre les pouvoirs (1929), Emile Chartier, en littérature "Alain", enseigna toute sa vie la philosophie. Certains de ses élèves atteignirent à la notoriété ; dans les Mémoires qu'il publia peu avant sa mort, Raymond Aron, en déclarant que "c'était sa personnalité plus que sa philosophie" qui lui en avait imposé (1), affirme n'avoir souscrit "ni à sa méthode, ni aux résultats de celle-ci". Et il en fait un portrait tout en nuances : "sans hostilité, sans passion, sans mépris : sophiste par opposition aux savants ou peut-être même aux philosophes" ; pour rappeler ce jugement sévère : "le prestige d'un philosophe tel Alain annonce la ruine d'un Etat" (2). Il demeure que tous ses élèves, qui "faisaient bande à part, ni communistes, ni socialistes, mais gauche éternelle, celle qui n'exerce pas le pouvoir" (3), tous furent marqués par une pensée originale jusqu'au paradoxe. Se refusant à organiser celle-ci en système, Alain s'est exprimé en Propos, d'abord publiés en articles, puis réunis en volumes.Partout, éclate son hostilité délibérée à l'égard de la société et du gouvernement. L'individualisme est pour lui le fond du radicalisme, il est le moteur de tout progrès, car "le peuple vaut mieux que ses maîtres" (4). La société - qu'il surnomme le "gros animal" - est toujours puissante et aveugle. Elle produit toujours "la guerre, l'esclavage, la superstition, par son mécanisme propre". Le rôle du mouvement démocratique est de s'élever contre les réactions du "gros animal", et de "balancer l'association naturelle, disons l'organisme social, par une espèce de contrat, appelé à tort contrat social, car c'est un contrat anti-social" Alain, dont la maxime de conduite est "obéir de corps, ne jamais obéir d'esprit", n'entend toutefois pas détruire matériellement l'Etat auquel il se targue d'échapper intellectuellement. Selon lui, nous sommes, en réalité, gouvernés par les services ; les pouvoirs sont les bureaux ; notre République est une "bureaucratie", ou, selon un terme plus noble, une "technocratie". "Il faut des magistrats pour juger, dit Alain, ils faut des agents pour faire circuler les voitures, il faut des généraux pour commander l'armée, il faut des ingénieurs pour construire des routes ; il faut à chaque place l'homme le plus instruit et le plus apte à exercer les fonctions : c'est dire que le pouvoir appartient à l'administration qui a l'obligation de recruter ses fonctionnaires en exigeant d'eux les preuves de leur compétence".Et ici, se font jour chez l'auteur deux sentiments contradictoires : d'abord un sentiment d'admiration, peut-être riche d'ironie : "Nous sommes gouvernés par des savants : à la Guerre, à la Marine, aux Travaux publics, aux Finances, à l'Instruction, à la Justice, les chefs de service sont des spécialistes incomparables et qui sont entrés dans leur étude propre qu'après une forte préparation intellectuelle" ; mais aussi un sentiment de méfiance : celui du danger de laisser aux services une telle autorité : "Nos maîtres, ce sont les bureaux, ce sont les seules que les républicains puissent accepter, mais non pas accepter sans contrôle". Celui-ci est d'autant plus indispensable qu'en vertu d'une théorie chère à Alain, tout pouvoir, quel qu'il soit, est, en l'absence de contrôle, poussé vers la tyrannie : "L'abus de pouvoir, dit-il, est un fruit naturel du pouvoir." Or, les techniques sont des hommes, subissant eux-mêmes cette tentation inéluctable du pouvoir. Ils doivent donc être contrôlés par le pouvoir politique. En bref, le pouvoir administratif, comme dirait un juriste, est le véritable et même le seul pouvoir, le pouvoir politique n'est qu'un contrôle.L'abus de pouvoir est un fruit naturel du pouvoir De cette prise de position découle une conception originale du rôle des gouvernants que René Capitant a très bien analysé (6). "Les ministres, nous dit Alain, sont moins les chefs que les contrôleurs des bureaux. Ils sont comme des tribuns, chacun d'eux ayant la surveillance d'une de ces puissantes administrations qui, toutes, tyranniseraient si on les laissait faire. Le ministre n'est autre chose qu'un délégué du peuple pour la surveillance d'un travail déterminé, aussi le ministre doit-il rester citoyen, le citoyen modèle qui a la charge de découvrir tous les abus du pouvoir et d'y mettre fin. Qu'il garde son veston, qu'il n'aille pas revêtir l'uniforme chamarré du pouvoir, ni se faire gouvernant, ni révérer à son tour la raison d'Etat qu'il a pour mission de poursuivre". L'idéal, selon Alain, est que les ministres surveillent, contrôlent, censurent, et, au besoin, redressent au nom du peuple les "grands seigneurs du pouvoir"... Combes, tribun du peuple, pauvre et redouté, reste le modèle de ces chefs que les puissants méprisent, mais qui demeurent fidèles à leur mission. Pelletan, ministre de la Marine, est une autre illustration du radicalisme authentique

ALAIN-FOURNIER (Henri-Alban, dit), 1886-1914 :
Henri-Alban Fournier (il prendra en littérature le demi-pseudonyme d’Alain-Fournier) est né le 3 octobre 1886 dans le Cher, à la Chapelle-d’Angillon. Fils d’instituteurs, il passe son enfance dans le sud du Berry. En 1891, son père est nommé à l’école d’Epineuil-le-Fleuriel. Le futur Alain-Fournier y sera son élève jusqu’en 1898, avant d’entrer en sixième, comme pensionnaire au lycée Voltaire à Paris.En 1901 il songe à devenir marin et rentre en seconde au lycée de Brest pour se préparer à l’Ecole Navale. Mais il y renonce et vient, en janvier 1903, passer son baccalauréat au lycée de Bourges. En octobre 1903 Alain-Fournier va préparer l’Ecole normale supérieure au lycée Lakanal à Sceaux. C’est là qu’il rencontre Jacques Rivière qui devient son meilleur ami. Ils échangeront jusqu’en 1914 une importante et passionnante correspondance. Jacques Rivière deviendra, en 1909, son beau-frère en épousant en effet Isabelle Fournier, de trois ans plus jeune que son frère.Le 1er juin 1905, jour de l’Ascension, Alain-Fournier, jeune lycéen de 18 ans vient de visiter " le Salon de la Nationale" au Petit Palais. En descendant l’escalier de pierre, son regard croise celui d’une grande jeune fille blonde, élégante, élancée, portant un "grand manteau marron ". Il la suit sur le Cours-la-Reine, puis sur un bateau mouche où elle s’embarque et enfin l’accompagne à distance jusqu’à sa maison du boulevard Saint Germain. Il revient plusieurs fois sous ses fenêtres et sa persévérance sera récompensée.Le 10 juin, il a pu apercevoir derrière la vitre le visage de la jeune fille. Surprise, mais souriante. Le lendemain 11 juin, jour de la Pentecôte, il est encore là, tôt le matin et la jeune fille sort de cette maison, un livre de prières à la main. Avant qu’elle ne monte dans le tramway il l’accoste et murmure : " Vous êtes belle". Rabroué mais non dépité, il la suit jusqu’à l’église Saint-Germain des Près. A la fin de la messe, il l’aborde à nouveau et c’est " la grande, belle, étrange et mystérieuse conversation" entre deux êtres qui, jusqu’au pont des Invalides vont laisser vivre leur rêve. Au coin du Pont de la Concorde, elle lui demande son nom, il lui dit. Elle hésite une seconde, puis "regardant bien droit, pleine de noblesse et de confiance elle a dit fièrement : Mon nom ? je suis mademoiselle Yvonne de Galais..."Hélas la réalité reprend ses droits : la jeune fille est fiancée, son destin est tracé. Avant de se perdre dans la foule, elle se retourne vers celui qu’elle vient de quitter et à qui elle a demandé de ne pas la suivre. Une dernière fois le regarde longuement.Cette rencontre, dont il a noté tous les détails, dès les jours suivants, va déterminer la vie entière d’Alain-Fournier. Il la transposera quasi littéralement dans le Grand Meaulnes. Pendant huit ans, Alain-Fournier s’efforcera de raconter son histoire en l’associant à ses plus chers souvenirs d’enfance. Parallèlement au Grand Meaulnes, il écrira également des nouvelles et des poèmes. En 1906, le jour anniversaire de l’Ascension, Alain-Fournier guette vainement la jeune fille sur Le Cours la reine et confie le soir même à Jacques Rivière : "Elle n’est pas venue. D’ailleurs fut-elle venue, qu’elle n’aurait pas été la même ". Cette année-là, il échoue au concours d’entrée à l’Ecole Normale. En 1907, au terme d’une ultime année de "Khâgne" au lycée Louis Le Grand, il échoue de nouveau à l’Ecole Normale. Il apprend également le récent mariage d’Yvonne de Quiévrecourt.
En 1908 et 1909, il fait son service militaire : après le peloton d’élève-officier à Laval, il est nommé sous-lieutenant à Mirande (Gers). Toujours hanté par le souvenir d’Yvonne, il écrit quelques poèmes et essais qui seront repris plus tard sous le titre Miracles. Yvonne de Quiévrecourt est née en 1885 à Paris. Le 1er juin 1905, jour de l’Ascension, elle croise Alain-Fournier, jeune lycéen de 18 ans, qui descend les marches du Petit Palais.Le 17 octobre 1906, elle épouse un médecin de marine Amédée Brochet de Vaugrigneuse ; un mariage de raison souhaité par son père. Après son service militaire, Alain-Fournier cherche un emploi, il trouve en avril 1910 un poste de rédacteur à Paris-Journal. Il a une liaison avec Jeanne Bruneau, une modiste de la rue Chanoinesse, originaire de Bourges. Il se donne tout entier à elle, mais elle ne le comprend pas. Le 19 Octobre 1910 il écrit à Jacques et sa sœur : "C’est fini". Ils se reverront pourtant et la rupture définitive ne se produira qu’au mois d’avril 1912. Alain-Fournier confiera dans sa correspondance : " J’ai fait tout cela pour me prouver à moi-même que je n’avais pas trouvé l’amour."A partir de 1910, Alain-Fournier, installé rue Cassini, se met pour de bon à l’écriture du Grand Meaulnes. En 1912, il quitte la rédaction de Paris-Journal, devient le secrétaire de Claude Casimir-Perier avant d’entamer avec la femme de ce dernier la célèbre actrice madame Simone, de son vrai nom Pauline Benda, une liaison orageuse. Fin juillet 1913, huit ans après la rencontre du Grand Palais, grâce à l’entremise de Jeanne de Quiévrecourt, sa sœur, Alain-Fournier rencontre une dernière fois Yvonne de Vaugrigneuse, désormais mère de deux enfants. Il la quitte donc pour toujours et revient vers Simone. Achevé au début de 1913, Le Grand Meaulnes paraît d’abord dans La Nouvelle Revue française (de juillet à octobre 1913), puis en volume chez Emile-Paul. Sélectionné pour le prix Goncourt, Le Grand Meaulnes obtient 5 voix au dixième tour de scrutin (alors qu’il lui en suffisait de 6 pour avoir le prix). Pourtant au onzième tour, c’est Le Peupler de la Mer de Marc Elder qui aura le Prix Goncourt. Au début de 1914 Alain-Fournier ébauche une pièce de théâtre, la Maison dans la forêt, et commence un nouveau roman, Colombe Blanchet, qui restera inachevé.
Mobilisé dès la déclaration de guerre, en août 1914, Alain Fournier rejoint le front comme lieutenant d’infanterie. Le 22 septembre 1914, il est tué au sud de Verdun, dans les Hauts de Meuse. Il n’avait pas encore vingt-huit ans. Porté disparu avec vingt de ses compagnons d’armes, son corps a été découvert dans une fosse commune où les Allemands l’avaient entérré. Il a été identifié en novembre 1991 et est maintenant inhumé dans le cimetière militaire de Saint-Remy la Calonne (Meuse).

ALBERT-LE-ROY (François), 1856-1905 :
Homme politique. Né à Paris le 19 décembre 1856, Député de l'Ardèche de 1904 à 1905. Docteur es lettres, Avocat à la cour d'appel de Paris, il avait débuté dans la carrière administrative comme sous-préfet, et conseiller de préfecture de Seine-et-Oise. Déjà conseiller général de l'Ardèche, il succède à un poste de député devenu vacant à Privas, après plusieurs tentatives infructueuses. Inscrit à la gauche radicale-socialiste, et membre de divers commissions, il se lança avec passion dans les débats qui marquèrent cette époque. Il interpella le gouvernement sur la séparation des Églises et de l'État, puis participa à la discussion du projet et des propositions de loi sur cette même séparation. Il meurt à Saint-Fortunat-sur-Eyriuex (Ardèche) le 18 août 1965.

ALBERT-PETIT (Armand-Alexandre), 1860-1944) :Hommepolitique. Armand-Alexandre Albert-Petit est né à Gasny, dans l'Eure, le 16 novembre 1860. Il effectue sa scolarité à Évreux, où il obtient de brillants résultats, décrochant notamment la première place au concours général, en histoire et en discours latin. A l'âge de 18 ans, le jeune homme quitte sa Normandie natale et "monte" à Paris, où il devient vétéran de rhétorique au lycée Louis-le-Grand. De là, il entre bientôt à l'École Normale Supérieure d'Histoire. Il est agrégé en 1884 et commence sa carrière d'enseignant au lycée de Caen, où il officie de 1884 à 1887.
En 1887, il quitte la France pour prendre le poste de professeur d'histoire à l'École Polytechnique suisse, à Zurich. Il y remporte un grand succès et ses cours sont suivis par une assistance sans cesse plus nombreuse. Sa leçon sur la guerre de 1870-1871 surtout est appréciée par ses étudiants, ainsi que par des auditeurs étrangers à l'école. Cet afflux imprévu de spectateurs rend vite sa salle de classe trop petite ! C'est dans le grand amphithéâtre de l'école qu'il doit désormais enseigner. Il rentre à Paris en 1890 et reçoit comme affectation une chaire d'Histoire au lycée Janson-de-Sailly, qu'il ne quittera qu'en 1923.
C'est pendant son séjour helvétique qu'il publie en 1888 son premier livre : La France économique. Quelque temps plus tard, il entame une longue collaboration de presque quarante années avec le Journal des Débats, dans lequel il s'occupe plus particulièrement des questions de démographie, d'éducation, de budget et de politique. Il rédige des rubriques similaires dans la Dépêche tunisienne, pour laquelle il élargit sa réflexion à l'empire colonial. La Revue des Deux Mondes également reçoit sa contribution. Il y publie notamment des articles sur la Révolution française, sur l'histoire de la Normandie ou sur la méthode historique. Dans la Revue de Paris également, il dirige une rubrique de critique de livres d'histoire. Plus épisodiquement enfin, il écrit dans d'autres journaux et revues plus ou moins spécialisées dans l'histoire ou dans les questions de l'éducation : la Revue hebdomadaire, la Revue bleue, la Revue politique et parlementaire, l'Éducation, la Revue de France, l'Économiste français, etc.
En 1902, le ministre de l'Instruction Publique, Georges Leygues, fait appel à lui pour siéger dans la commission préparatoire à la réforme de l'enseignement. Déjà professeur et journaliste reconnu, Albert-Petit devient l'un des acteurs importants de l'élaboration du système éducatif français. En 1911, il prend la tête d'une collection d'ouvrages d'histoire régionaliste : les Vielles Provinces de France, dont 19 volumes paraîtront jusqu'en 1935. Il rédige lui-même le tome consacré à l'Histoire de Normandie, lequel est couronné par l'Académie française. C'est dans l'avant-propos de ce

Publié dans troisieme-republique

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