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Publié le par bidon quatremille

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ZACCONE (Pierre), 1817, 1895 :

 

Romancier. Né à Douai en 1817, Pierre Zaccone débute dans la carrière des lettres sous les auspices d’Émile Souvestre, tout en entrant dans l’administration des postes. Après 1878, il est président de la Société des Gens de lettres. Le nombre de ses ouvrages est considérable : Les Mansardes de Paris (1880), les Drames de la Bourse (1882), l’Enfant du pavé (1888), Seuls (1891). On lui doit aussi quelques drames comme les Nuits du Boulevard (1880), etc. Il décède à Morlaix en 1895.

 

 

ZAY (Jean), 1904-1944 :

 

Jean Zay est né le 6 août 1904 à Orléans (Loiret) d’un père juif et d’une mère protestante. Il appartient à une génération pour qui la littérature est le lieu des vraies réussites. Primé au concours général, il est tenté par une carrière littéraire dont il a le goût et le talent. Avec quelques amis étudiants, il anime une revue littéraire locale, Le Grenier. L’un de ses premiers textes, un pastiche antimilitariste, le Drapeau, lui sera périodiquement reproché. Mais l’appel de la politique est le plus fort. Par son père Léon Zay, directeur du quotidien radical-socialiste local, il est très initié aux débats politiques. Aussi, quand il s’installe à Orléans comme avocat en 1928, lui est-il facile de publier ses premiers articles et de s’intégrer aux milieux républicains locaux, aux cercles laïques et à la franc-maçonnerie.

 

Elu député d’Orléans en 1932, vingt-sept ans, Jean Zay se situe à la gauche du parti radical, avec les « jeunes turcs » comme Jacques Kayser, Pierre Cot ou Pierre Mendès France. Il se spécialise dans les problèmes de l’artisanat et du commerce, mais il présente le rapport de politique générale au congrès de 1935, il est l’un des leaders du courant qui emporte l’adhésion du parti du Rassemblement populaire. Son accession au secrétariat d’Etat et à la présidence du Conseil, dans le ministère Sarraut, en janvier 1936, atteste qu’il est devenu l’un des espoirs du vieux parti.

 

Réélu député en 1936, il est choisi par Léon Blum comme ministre de l’Education nationale. Il n’a pas encore trente-deux ans. Il réussit dans ces fonctions qu’il les conserve jusqu’à la guerre.

 

Son action présente de multiples aspects. Dans le domaine de l’éducation, il entreprend des réformes de structures directement inspirées par le courant de l’école unique et le programme de la Fédération générale de l’enseignement CGT. Le projet qu’il dépose le 5 mai 1937 sur le bureau de la Chambre en dégage les grandes lignes : unification des classes primaires des lycées et des écoles élémentaires, transformation de la classe de sixième en une classe d’orientation, après laquelle divergeaient trois sections, classique, moderne et technique, d’un même enseignement du second degré, organisation de ce second degré en deux cycles.

 

Bien accueilli dans un premier temps, ce projet est enterré par la commission parlementaire que préside un autre radical, Hippolyte Ducos, agrégé de lettres classiques, qui le juge funestes aux humanités. Jean Zay réalise donc par décrets les éléments de son projet qui peuvent l’être. Il crée d’abord, à titre expérimental, dans plus de deux cents établissements, des classes d’orientation au niveau de la sixième (22 mai 1937). Il unifie les programmes du primaire supérieur et du premier cycle secondaire (21 mai 1937), ce qui le conduit à promulguer le même jour (11 avril 1938) deux arrêtés distincts fixant les programmes de chaque ordre d’enseignement dans des termes identiques. Il modifie l’organisation du ministère (1er juin 1937), créant une direction du premier degré, compétence aussi pour les « petites » classes des lycées, et, et une direction du second degré à laquelle sont rattachées les écoles primaires supérieures. Les ENS de Fontenay et de Saint-Cloud sont rattachées à la direction de l’enseignement supérieur. Seul le technique échappe a cette réorganisation d’ensemble.

 

L’action réformatrice concerne aussi la pédagogie. La loi du 11 août 1936 a prolongé d’une année l’obligation scolaire. Jean Zay ne veut pas que cette année supplémentaire soit une répétition des précédentes. Faisant appel à l’initiative des instituteurs, il lance l’idée d’un  programme d’ouverture vers la vie active, avec des activités dirigées, des classes promenades. Cette ouverture rejaillit sur les autres classes élémentaires, et débouche sur de nouvelles instructions, à l’automne de 1938, tandis que la nouvelle pédagogie expérimentée dans les classes d’orientation inspire d’autres instructions pour le premier cycle.

 

Dans bien d’autres domaines, l’œuvre de Jean Zay est décisive. Il soutien Léon Zay est décisive. Il soutien Léo Lagrange, dont le secrétariat d’Etat aux Sports lui est rattaché en 1937, et il contribue au développement du sport populaire. Il organise le sport universitaire et institue un Conseil supérieur des œuvres sociales en faveur des étudiants. Il oblige les apprentis à passer par un centre d’orientation professionnelle. Il développe les statistiques scolaires. Il organise l’administration de la recherche et crée le CNRS.

 

Les Beaux-Arts étaient rattachés à l’Education nationale. Jean Zay crée la réunion des théâtres nationaux, le Musée d’art moderne et celui des arts et traditions populaires. Il jette les bases d’une définition légale du droit d’auteur. Il lance le premier festival du cinéma qui aurait du se tenir à Cannes en septembre 1939.

 

La guerre éclate. Il est arrêté au Maroc et emprisonné à Riom où il écrit Souvenirs et solitude. Le 20 juin 1944 des miliciens viennent le chercher et l’assassinent dans un bois près de Cusset.

 

 

ORY (Pascal), La Belle Illusion, Paris, Plon, 1994.

 

RUBY (M.) : La vie et l’œuvre de Jean Zay, Paris, Gedalge, 1969.

 

ZAY (Jean), Souvenirs et solitude, Le Roeulx (Belgique), éditions Talus d’approche (Orléans, Librairie Les Temps modernes), nouvelle édition, 1987.

 

 

ZEILLER (Charles), 1847-1915 :

 

Ingénieur. Né à Nancy en 1847, Charles Zeiller est élève à l’École polytechnique puis à l’École natioanle des mines. Il est nommé en 1873 ingénieur des mines à Tours. Rappelé à Paris, il est attaché de 1874 à 1884, au contrôle du Chemin de fer d’Orléans, et, dès 1881, au Servi des collections d paléobotanique à l’École des mines. Chargé des leçons de paléonthologie végétale à cette école en 1887, Ziller est, en 1901, élu membre de l’Académie des sciences (section de botanique). En 1903, il est nommé inspecteur génral des mines. Parmi ses nombreux travaux qui, pour la plupart, ont trait aux végétaux fossiles, il faut citer : Mémoires sur les roches éruptives et les filons métallifères de Shemnitz (1873), les Végétaux fossiles du terrain houiller de France, Bassin houiller de Valenciennes, Description de la flore fossile (1886), Éléments de paléobotanique (1900), Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin (1904), Sur quelques empreintes végétales de la formation charbonneuse supracrétacée des Balkans (1905), etc.  Il décède à Paris en 1915.

 

 

ZELLER (Berthold), 1848-1899 :

 

Professeur et historien. Fils de Jules-Sylvain Zeller, Berthold Zeller est né  à Rennes en 1848. Élève à l’École normale supérieure, agrégé d’histoire en 1872, docteur ès lettres en 1880, il est succussivement professeur d’histoire en province, et à Paris au collège Rollin puis au lycée Charlemagne, enfin ùaître de conférence à la Sorbonne. Ses principaux ouvrages sont/ Henri IV et Marie de Médicis (1877), Richelieu et les Ministres de Louis XIII, Marie de Médicis et Sully (1892), Marie de Médicis et Villeroy (1897), Marie de Médicis, chef du conseil (1898), la Connétable de Luynes (1879). Zeller fonde et dirige la publication d’une collection d’extraits des chroniques : l’Histoire de France racontée par les contemporains. Il meurt à Paris en 1899.

 

 

ZÉVACO (Michel), 1860-1918 :

 

Écrivain populaire. Né à Ajaccio en 1860, Michel Zévaco est licencié ès-lettres puis devient professeur de rhétorique au collège de Vienne quand il est révoqué du gouvernement en raison de ses « idées avancées ». C’est dans L’Égalité, journal anarchisant de Jules Roques, que semble avoir débuté le futur feuilletonniste. Il collabore aussi à L’En-dehors. Quand, un peu plus tard, chargé de famille, Michel Zévaco écrit ses feuilletons populaires dans La Petite République socialiste ou Le Matin bourgeois, son succès sera considérable. En 1892, Michel Zévaco est emprisonné à Sainte Pélagie pour ses écrits anarchistes. Il y trouve d’autres écrivains : Édouard Drumont, condamné à trois mois pour un article intitulé « Rothschild et Burdeau », Zo d’Axa, Gérault-Richard et Lucien Pemjean alors militant de gauche qui écrira plus tard, lui aussi, des romans de cape et d’épées, notamment « Le vrai d’Artagnan » et « La jeunesse de Cyrano ». Les romans de Zo ont un vif succès : Borgia (1906), le Capitan (1907), les Pardaillan (1907), l’Épopée d’amour (1907), la Fausta (1908), Fausta vaincue (1908), le Pont des Soupirs (1909), Les Amants de Venise (1909, Nostradamus (1909), Triboulet (1910), la Cour des Miracles (1910), l’Héroïne (1910), l’Hôtel Saint-Pol (1911), Jean sans Peur (1911), Buridan (1911), la Marquise de Pompadour (1912), le Rival du roi (1912), Pardaillan et Fausta (1913), les Amours de Chico (1913), le Fils de Pardaillan (1916), Don Juna (1917). Le non-conformisme appraît dans les romans de Zévaco : si les personnages sont du XVIème ou du XIVème siècle, leur attitude, leur comportement, leurs réactions sont de tout temps. Les héros de Zévaco, c’est le peuple, insurgé contre les méchants, fussent-ils roturiers, généreux avec les faibles, fussent-ils princes. Pardaillan se conduisait-il comme un anarchiste ? On peut le croire. Il n’en est pas moins vrai que bon nombre de ceux que passionnèrent ses aventures se sont retrouvés d’un autre côté de la barricade. Peut-être parce que les puissants du début du XXème siècle ressemble à s’y méprendre à ceux du temps de la Ligue. Il décède à Eubonne (Seine-et-Oise) en 1918.

 

 

ZIER (Édouard), 1856-1924 :

 

Peintre et dessinateur.N éà Paris en 1856, Édouard Zier est l’élève de son père V. C. Zieret de Gérome et débute au Salon de 1874 avec un Caton d’Utique. Il se consacre depuis à des scènes d’histoire, des figures nues, des portraits comme Charles VI et Odette (1880), Médidatation (1884), Cora Lapercerie dans le rôle de Fausta (1900), Douceur de vivre (1904), Araignée (1905), Songeuse (1906), la Femme aux perles (1910), Visions d’été (1914), Ariane (1920), la Petite artiste (1923). Il a exécuté un grand nombre de dessins pour L’Illustration, le Monde illustré, et des illustrations pour des livres de bibliophiles (Roman comique, Tragaldabas, Aphrodite). Il décède à Thiais en 1924.

 

 

ZIMMERWALD (conférence de) :

 

Du 5 au 8 septembre 1915, se tient à Zimmerwald (Suisse),  une conférence internationale convoquée à l’initiative des partis socialistes suisse et italien pour tenter de mettre fin à l’expérience des Unions sacrées qui voient les socialistes se faire les auxiliaires les plus nationalistes dans les pays belligérants en soumettant l’idée de guerre à outrance

 

La guerre a détruit subitement les relations internationales du prolétariat. Ce ne fut pas seulement une interruption superficielle des relations anciennes. Les partis socialistes et les organisations ouvrières des divers pays abandonnèrent non seulement le terrain de la lutte de classe mais aussi celui de la solidarité internationale. Les antagonismes nationaux qui déterminaient, avant la guerre, la politique des gouvernements bourgeois et qui, toujours, étaient combattus par le prolétariat, se sont emparés de la classe ouvrière dès le commencement de la guerre. Cet antagonisme nouveau s'accentua encore par l'attitude de la presse ouvrière qui, dans divers pays, se mit au service des gouvernants. En défendant leur politique de guerre, souvent même leurs buts de guerre et leurs intentions de conquête, elle prêchait, comme un nouvel évangile social, la solidarité nationale des ouvriers et de leurs oppresseurs en remplacement de la solidarité internationale du prolétariat.

 

La SFIO, engagée dans cette Union sacrée, refuse de se faire représenter à Zimmerwald, de même que la social-démocratie allemande et la Commission administrative permanente interdit aux socialistes de s’y rendre. Aussi, est-ce une délégation de la CGT, conduite par les syndicalistes Merrheim et Bourderon, qui représentera la socialisme français, y défendant les idées de la minorité pacifiste de la SFIO, Pressemane et les dirigeants de la Fédération de la Haute-Vienne respectant l’interdiction faite par leur direction. Mais d’accord contre la guerre qu’ils imputent au capitalisme, les « Zimmerwaldiens » se divisent sur les conséquences à tirer de ce constat. Tandis que la « gauche zimmerwaldienne » derrière Lénine préconise une « guerre de masse contre la guerre » dans les pays belligérants et la construction d’une nouvelle internationale, les Français se classent dans la « droite zimmerwaldienne » qui souhaite seulement faire pression sur les gouvernements pour obtenir une « paix blanche » sans annexion et indemnité et se refusent à poser la question de la reconstruction de l’Internationale. En dépit des tentatives  d’étouffement du parti socialiste, Merrheim et Bourderon s’efforcent de faire pénétrer les idées zimmerwaldiennes dans la Fédération de la Seine de la SFIO et créent un Comité pour la reprise des relations internationales. Le courant zimmerwaldien devait jouer un rôle important dans le développement des tendances pacifistes au sein de la minorité socialiste qui ne cesse ensuite de se renforcer, jusqu’à prendre la majorité en 1918.

 

 

LIGOU (D.) : Histoire du socialisme en France (1871-1961), Paris, PUF, 1962.

 

LEFRANC (G.) : Le mouvement socialiste sous la IIIe République, Paris, Payot, 1963.

 

 

ZINGG (Jules), 1882-1942 :

 

Peintre. Né à Montbéliard en 1882, Jules Zingg peignit d’abord seul les scènes rustiques de son pays natal puis vint à Paris à l’âge de vingt ans. Entré à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier de Cormon, il y resta une année et obtint le Second Prix de Rome. Admis d’emblée au Salon des Artistes Français, il y exposa durant quatre années en s’inspirant des oeuvres des Impressionnistes et surtout de Cézanne. Après la Première Guerre Mondiale, il exposa aux Salons des Indépendants  et d’Automne puis à la Nationale des Beaux-Arts. Nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1930, il obtint en 1937 le Grand Prix de l’Exposition Universelle et exposa encore au Salon des Artistes Français en 1938 et 1945 et au Salon d’Automne de 1952. Zingg resta fidèle sa vie durant aux sujets traités dans sa jeunesse se révélant comme le peintre des travaux champêtres et des paysans des régions de France.  Peintre réaliste, il a été quelque peu le chantre du misérabilisme dans la tradition des frères Le Nain surtout lorsqu’il peignait des paysans dans des paysages de neige en Franche-Comté. Il mourut à Paris en 1942.

 

 

ZO (Henri), 1873-1933:

 

Peintre. Né à Bayonne en 1873, Henri Zo est l’élève d’Achille Zo, son père, puis de Léon Bonnat et A. Maignan à Paris. Il expose au Salon des Artistes Français à partir de 1895 notamment avec la Mort d’un torero puis à l’Exposition Universelle de 1900 avec Bravo toro (1896), Avant la corrida (1897), Un incident (1899). Comme son père, il se spécialise dans la peinture de scènes populaires espagnoles, de courses de taureaux et de la vie du Pays Basque. Il excelle à en traduire la caractère violent, et à faire éclater les jaunes et les orangés. On lui doit ainsi Ovation (1901), l’Idole (1902), Aguadora, Attendant l’heure (1904), la Famille espagnole. En 1906, il a exposé une étude de verts sous le titre de la Chanteuse de Zarzuelas. Ses dernières œuvres sont : les Danseurs de la cathédrale (1910), Bonnat et ses élèves basques, l’Entrée en scène (1920), l’Échange des capes (1923), Coulisses d’un music-hall (1929), etc. Zo peint également de nombreux portraits de personnalités et illustre «Ramunicho» de Pierre Loti et «A la Mer» de P. Marguerite.  Il prend part aussi à la décoration de l’Opéra Comique et à celle de la Chapelle érigée à la mémoire des victimes du Bazar de la Charité.

 

 

ZOLA (Emile), 1840-1902 :

 

Né à Paris le 2 avril 1840, de François Zola, italien naturalisé Français et d’Émilie Aubert, Émile Zola passe son enfance et son adolescence à Aix-en-Provence. Zola fait ses études à Aix-en-Provence où son père ingénieur, meurt en 1847 laissant sa famille dans la gêne. Zola peut poursuivre ses études grâce à une bourse. Au collège Bourbon, il a pour très proches camarades Paul Cézanne et Jean-Baptiste Baille.

 

En 1858, il rejoint sa mère à Paris, où il entre au lycée Saint-Louis mais l’année suivante, échoue au baccalauréat, ce qui provoque chez lui un réel traumatisme puisqu’il se trouve privé de l’indispensable sanction des études des milieux bourgeois. Si bien que le jeune Zola qui souffre d’un sentiment de déclassement social va être littéralement obsédé par la volonté de réussite matérielle. Suivent alors deux grandes années de relative inaction. Abandonnant totalement ses études, il entre dans la librairie Hachette, d’abord comme simple employé, puis devient chef du service de la publicité de 1862 à 1866. Il y fait la connaissance de nombreux écrivains et journalistes, lit Taine, Stendhal, Balzac, Flaubert, et publie ses premiers contes et articles et romans.

 

Mais, décevant sa mère qui souhaite qu’il acquière une « position », il décide de vivre de sa plume, se lance dans le journalisme où il connaît une certaine notoriété. Il démissionne de la librairie Hachette le 31 janvier 1866. Le scandale de la publication de certains de ses articles sous le titre Mes Haines et le soutien qu’il apporte à un peintre comme Manet le font connaître.

 

Vivant dans l’atmosphère d’exaltation positiviste et scientiste de la fin du XIXe siècle, admirateur des Goncourt, séduit par les idées de Taine et Claude Bernard, il évolue vers le réalisme et même le naturalisme, prétendant appliquer à travers ses romans la méthode expérimentale à l’étude de la situation sociale et de l’homme. Tel est le postulat qui inspire son premier roman Thérèse Raquin paru en 1867. En 1868, il trace un plan d’ensemble des Rougon-Macquart, « histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire », dont il publie ensuite quotidiennement les volumes à la cadence d’un livre par an.  

 

Après la guerre de 1870, à laquelle il ne participe pas parce que, fils de veuve et myope, il n’est pas mobilisable, il devient journaliste parlementaire. C’est le 22 juillet 1872, par la signature du contrat qui le lie à l’éditeur Georges Charpentier lui assurant cinq cents francs par mois, que commence véritablement sa carrière littéraire, qu’il mène de front avec le journalisme auquel il ne renonce pas. Le succès vient à partir de 1878 quand il publie son septième volume, L’Assommoir, succès de scandale, mais qui procure à Zola, cette aisance matérielle tant recherchée.

 

Ses grands romans, Nana en 1880, Au bonheur des dames en 1883, Germinal en 1885, l’Œuvre en 1886, qui le brouille définitivement avec Cézanne, permettent au naturalisme de triompher dans toute l’Europe, où il est traduit, et lui font gagner 80 000 ou 100 000 francs par an. A partir de ce moment, il devient chef d’école, se faisant le théoricien du naturalisme, rassemblant ses disciples à Médan, et, en dépit des critiques sur les outrances du naturalisme, publiant imperturbablement, jusqu’en 1893, les vingt volumes des Rougon-Macquart, à quoi succèdent deux autres cycles romanesques : le cycle des Trois Villes (Lourdes, 1894 ; Rome, 1896 ; Paris, 1898), encore tourné vers l’observation des sociétés contemporaines, et celui des Quatre Évangiles (Fécondité, 1899 ; Travail, 1901 ; Vérité, 1903 ; notes pour Justice ), qui reste inachevé. Les enquêtes de Zola sur le monde du travail le conduisent en politique dont il s’est tenu à l’écart jusqu’à présent. Déjà, sous le Second Empire, il manifestait sa sympathie pour l’opposition républicaine, lisant Le Siècle, organe de l’opposition libérale et fréquentant les milieux des journalistes républicains. Mais tout à son œuvre, il intervient peu dans les débats politiques au début de la IIIe République. Son œuvre littéraire le rapproche des socialistes et il manifeste à la fin du XIXe siècle sa sympathie active à ceux qui tentent de transformer la condition sociale.

 

Indigné par la dégradation du capitaine Dreyfus, le 5 janvier 1895, à l’Ecole militaire, il dénonce à la fin de l’année dans trois articles que publie Le Figaro les campagnes de presse contre la République et les Juifs. Convaincu que le véritable coupable de l’Affaire Dreyfus est le commandant Esterhazy, qui est acquitté à l’unanimité le 11 janvier 1898, Zola, à la demande de Clemenceau, publie dans L’Aurore deux jours plus tard l’article J’accuse, qui, compte tenu de la notoriété de son auteur, va faire l’effet d’un coup de tonnerre et porter le débat, jusque là cantonné dans les milieux restreints, à la connaissance de l’opinion publique. Non sans dommage pour Zola. Poursuivi pour diffamation, condamné à un an de prison et 3000 francs d’amende, radié de l’Ordre de la Légion d’honneur, il doit fuir en Angleterre (du 18 juillet 1898 au 5 juin 1899) pour conserver sa liberté.

 

L’arrivée au pouvoir du gouvernement de défense républicaine en 1899 lui permet de rentrer en France où il continue le combat qu’il a entamé pour la révision du procès Dreyfus. Après le second procès d’Alfred Dreyfus, Zola continue son action, pour obtenir la réhabilitation de l’officier (La Vérité en marche, 1901). Celle-ci sera acquise en 1906. Il meurt accidentellement en 1902, asphyxié par les émanations d’un poële, sans avoir achevé Justice, le dernier volume des Quatre Evangiles qui traduit les valeurs dont il se réclame.

 

 

ZORETTI (Ludovic), 1880-1948 :

 

Professeur. Né à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 29 juin 1880, Ludovic Zoretti est professeur de mécanique rationnelle et appliquée à la faculté de Caen de 1911 à 1940. Il fut maître de conférence à la faculté de Granoble, membre du jury de l’École Navale, du conseil de l’Université de Caen. Il fonde l’Institut technique de Normandie, le Syndicat de l’Enseignement des Secon et Troisième degrés ainsi que l’Institut Supérieur Ouvrier (au sens de la CGT). Zoretti est le type même de militant révolutionnaire et syndicaliste d’avant 1939. Acquis aux idées socialistes dès son enfance, il consacre sa vie à l’éducation politique et syndicale du monde ouvrier. Bien qu’il ait appartenu à la minorité de la SFIO pandant la Première Guerre mondiale, il demeure fidèle à la vieille maison lorsque survient en 1920, la scission de Tours. C’est lui qui reconstitue dans le Calvados  les organisations dont le jeune parti communiste avait pris le contrôle : sections, syndicats et même journal. Le Pays normand remplace Le Populaire normand passé au communisme. Aidé par quelques militants ouvriers et de jeunes étudiants, il fonde une nouvelle fédération socialiste du Calvados et rénove l’Union des syndicats.  Il est l’un de ceux qui pousse la Fédération générale de l’enseignement à adhérer à la CGT. Quelques années avant le conflit mondial, il est en désaccord formel quand, au congrès de Royan, avec la majorité du parti, il croit déceler une tendance belliciste. Il crée avec d’autres socialistes résolument pacifistes, l’hebdomadaire Redressement pour la construction du socialisme et de la paix qui est l’organe de la tendance Redressement au sein du parti. Son désaccord avec Léon Blum, sa tentation de créer en septembre 1939 un courant d’opinion favorable à l’étude des propositions de paix faites par Hitler, lui valent d’abord une comparution devant les assises de la SFIO. Il est suspendu également de ses fonctions de professeurs de l’Université et enfin mis en accusation devant le Tribunal militaire de Rouen qui l’acquitte en mai 1940. Il n’en n’est pas moins révoqué par le gouvernement de Vichy en octobre 1940. Il vit de sa plume – plutôt très mal, d’ailleurs – collaborant à L’Atelier  (crée par des syndicalistes proches du Rassemblement National Populaire de Déat) avec Georges Albertine, qu’il retrouve à L’Oeuvre dans laquelle il écrit également.  Ce n’est qu’en avril 1944 qu’il est réintrégré dans l’enseignement par le ministre de l’Éducation nationale et chargé par lui de créer une Université du Travail relavant à la fois du ministère du Travail et du ministère de l’Éducation nationale. Il décède au camp de Carrère (Lot-et-Garonne), le 20 janvier 1948.

 

 

ZUBER (Jean-Henri), 1844-1909 :

 

Peintre. Né à Rixheim (Haut-Rhin) en 1844, il entre sous le Second Empire, à l’École navale et il est enseignant en 1868 lorsqu’il donne sa démission pour se consacrer à la peinture. Son œuvre est aussi variée que considérable : La rue de Pékin en 1869, Soleil couchant en 1878, Dante et Virgile (1878), le Flon à Messignieu en 1880, Triptyque décoratif en 1881, les Premiers sillons en 1882, le Troupeau de Vieux-Ferrette en 1883, le Passé en 1897, les marches de marbre rose en 1898, etc. Mais plus appréciées encore que ses peintures sont ses nombreuses aquarelles, fort lumineuses. Il décède à Paris en 1909.

 

 

ZURLINDEN (Émile), 1837-1929 :

 

Général. Né à Colmar en 1837, Zurlinden fait ses premiès armes sous le Second Empire. Il est fait prisonnier avec l’armée de Metz en 1870 puis s’évade de la forteresse de Glogau, rentre en France et est nommé par le gouvernement de Defense nationale chef détat-major du 25ème corps. Colonel en 1880, commandant du 4ème corps d’armée (1894), il devient linistre de la Guerre en 1895 dans le cabinet Brisson (28 juin 1898-1er novembre 1898), mais se retire très vite pour ne pas avoir à prendre l’initiative de la révision du procès Dreyfus. On lui doit, en 1904, la parution des Souvenirs sur la guerre franco-allemande de 1870. Il meurt à Paris en 1929.

 

 

ZWILLER (Marie-Augustin), 1850-

 

Peintre. Né à Didenheim (Alsace), en 1850, Marie-Augustin Zwiller est l’élève de Thierry, Boulanger et J. Lefebvre et il envoie, pour ses débuts, au Salon de 1882, une « Tête de vieille femme », « Remords de l’ivrogne », « Leçons de modelage à l’Institution alsaciennes des Jeunes-Aveugles », « l’Industrie en Alsace » (1896), Il expose au Salon de 1901 avec  « la Femme du lévite d’Ephraïm ». En 1903, c’est la « Première nuit d’angoisse (Adam et Eve chassés du Paradis) », en 1905 : « Joueur de guitare » A signaler encore : « le Régal », « Jeune Alsacienne », « Alsacienne en deuil ». L’influende de son compatriote J. J. Henner a été considérable pour lui. Il l’a glorifié dans une allégorie exposée au Salon de 1906 : « Les Muses de l’Alsace pleurant Henner ». Ses dernière œuvres sont : les Arts vaincus par la Science (1908), le Repos (1914), les Ondines de l’Or du Rhin (1920) et Rêverie amoureuse (1929).

 

 

ZYROMSKI (Jean), 1890-1975 :

 

Né le 20 avril 1890 à Nevers (Nièvre) dans une famille bourgeoise, d'une mère catholique et d'un père intellectuel dreyfusard, descendant d'une famille de nobles catholiques polonais, Jean Zyromski passe son enfance à Toulouse (Haute-Garonne) où son père enseigne la littérature. Il est gagné aux idées socialistes vers 1910, pendant ses études à la Faculté de droit : « J'avais été frappé par la solidité et la cohérence des théories de Marx en suivant les cours d'Économie politique de la licence en droit » écrit-il plus tard. Ses études de droit s’achèvent par une thèse de doctorat sur la législation du travail en 1913. Un jeune avocat, Vincent Auriol, le fait admettre à la section socialiste toulousaine en 1912. Il représente le courant socialiste dans l'Union des Etudiants Républicains et affirme déjà « la nécessité de la Défense nationale en régime capitaliste ». Ses activités politiques et le thème de son doctorat en droit (La protection légale du salaire vis-à-vis de l'employeur) provoquèrent une brouille avec sa famille qui avait espéré le voir s'orienter vers une carrière prestigieuse. Pour consacrer le plus de temps possible au militantisme, le jeune docteur en droit entre par concours comme rédacteur à la Préfecture de la Seine. Il devient chef de bureau.

 

Mobilisé en août 1914, Jean Zyromski combat dans les balkans et est blessé. Réformé pendant un an, cela lui permet de reprendre son action à la 6e section socialiste de la Seine, où il se prononçe : « Contre la reprise des relations internationales avec les représentants de la Social-Démocratie ». Réincorporé en octobre 1916, i1 est envoyé en Orient mais reste en relation épistolaire avec des dirigeants socialistes et peut, à l'occasion d'une permission, assister au XIIIème congrès national, à Paris, du 26 au 28 décembre 1916.

 

Après le conflit, il devient fonctionnaire de la Préfecture de la Seine, spécialisé dans les problèmes de protection du travail. Au sein du parti socialiste, il est l’un des principaux dirigeants de la Fédération de la Seine et, fidèle à ses convictions « majoritaires », Zyromski anime avec Marcel Déat le Comité de Résistance de la 5ème section et vote en décembre 1920, au Congrès de Tours, pour la motion Blum, contre l'adhésion à la IIIe Internationale. Il reste à la « vieille maison » considérant que le Parti communiste naissant est contaminé par « les courants anarchistes ». Rapidement Jean Zyromski juge le socialisme international menacé par le « révisionnisme ». Son combat rejoint celui du théoricien marxiste Otto Bauer avec lequel il correspond. Avec des militants le plus souvent formés par 1e guesdisrne, il organise un courant de « Résistance socialiste » puis de « Bataille sccialiste », dont le nom revint à un journal mensuel en 1927. Le numéro un, publié le 10 juin 1927, réunit immédiatement les signatures de Paul Colliette (administrateur), Bracke, Louis Lévy, Léo Lagrange, Léon Osmin, Emile Farinet, Georges Dumoulin auxquelles s'ajoutèrent bientôt celles de Ludovic Zoretti et Marceau Pivert. Membre suppléant de la commission administrative permanente de décembre 1920 à février 1924, Jean Zyromski siége comme titulaire jusqu'en 1939 et entre au Bureau en mai 1926, occupant les fonctions de secrétaire de la sous-commission des conflits (1926, 1927, 1928, 1929), secrétaire de la sous-commission de propagande (1930, 1931, 1935, 1936), secrétaire de la sous-commission des éditions et de la documentation (1932, 1933), secrétaire de la sous-commission d'action internationale (1938). Malgré l'importance de son rôle, il n'a guère d'ambitions électorales. Il ne se présente pas dans des circonscriptions faciles : 3ème secteur de la Seine le 11 mai 1924 (5e de liste), 3e circ. du XIe arr. de Paris, 1e 1er mai 1928, 4e circonscription de l'arrondissement de Béthune le 1er mai 1932. Peut-être en raison de son métier, il ne fait jamais acte de candidature au conseil municipal de Paris.

 

Partisan  d’une ligne révolutionnaire qui doit conduire à la réunification des communistes et des socialistes, il combat frénétiquement l’aile droite de la SFIO qui souhaite, avec des hommes comme Paul-Boncour, Déat ou Ramadier, une participation gouvernementale. L’alliance de la « Bataille socialiste » avec le secrétaire général du parti, Paul Faure, lui donne quelques années durant une influence considérable au sein du parti socialiste SFIO. Sa grande victoire est, outre la démission de Paul-Boncour du parti socialiste, l’exclusion des néos au Congrès de 1933.

 

A partir de 1934, le centre d’intérêt de Zyromski se déplace des problèmes internes vers les questions internationales. La montée du nazisme, puis la signature du pacte germano-soviétique, le poussent à multiplier les efforts pour la conclusion d’un rapprochement avec les communistes afin de lutter contre le fascisme. Il est l’un des artisans du pacte d’unité d’action socialo-communiste de juillet 1934 qui prélude au Front populaire et l’un des plus fermes partisans du pacte franco-soviétique signé en mai 1935.

 

La victoire du Front populaire ne tarde pas à le décevoir, tant au plan intérieur  que sur les questions internationales. Zyromski refuse d'être directeur de cabinet de Léon Blum, mais, comme directeur de la Page économique et sociale (désigné par Blum), il est en contact fréquent avec le président du Conseil. Il reproche à Léon Blum d’avoir trop cédé aux radicaux en arrêtant les réformes sociales, mais surtout il dénonce violemment la signature du traité de non-intervention en Espagne. Dans les années qui suivent , il ne cessera de guerroyer contre Paul Faure et l’aile pacifiste de la SFIO, affirmant la nécessité de préparer activement la France à une guerre contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Continuant sa carrière après la guerre, il arrête toute activité politique en 1962 et meurt en 1968.

 

 

LEFRANC (G.) : Le mouvement socialiste sous la troisième République (1875-1940), Paris, Payot, 1963.

 

Publié dans troisieme-republique

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